En mars 2022, les banques alimentaires du Canada ont enregistré près de 1,5 million de visites, soit le taux d’utilisation le plus élevé jamais enregistré au mois de mars, malgré le taux de chômage le plus faible jamais enregistré durant ce même mois.

Cette année, nous constatons une tendance que nous n’avions jamais observée auparavant. Malgré un taux de chômage de 5,3 % – le plus faible jamais enregistré depuis 1976 –, le nombre de visites aux banques alimentaires est le plus élevé jamais enregistré. Pour l’instant, le lien entre l’état de l’économie, mesuré par des indicateurs normalisés comme le taux de chômage, et l’achalandage des banques alimentaires est beaucoup moins significatif.

Le nombre total de visites aux banques alimentaires a grimpé en flèche depuis 2019, affichant la plus forte augmentation d’une année à l’autre depuis les contrecoups de la récession de 2008. La stagnation des taux d’aide sociale provinciaux, la fin des prestations liées à la pandémie et la montée en flèche de l’inflation ont nui à la capacité des gens du Canada de se nourrir et de nourrir leur famille.

Le recours aux banques alimentaires cette année a augmenté de 15 % par rapport à mars 2021 et de 35 % par rapport à mars 2019.

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Le passage d'une tempête à un ouragan


Selon les répondants au sondage, les trois principales raisons pour lesquelles les gens ont eu recours aux banques alimentaires cette année sont le coût de la nourriture, les faibles taux d’aide sociale provinciale et les coûts du logement.

Avec la fin des prestations liées à la pandémie à la fin de 2021, qui est survenue presque au même moment que les hausses importantes du coût de la vie au début de 2022, nos conclusions illustrent que la dernière année a été particulièrement désastreuse pour les ménages à faible revenu. Selon Statistique Canada, les personnes dans le quintile de revenu le plus faible ont vu leur revenu disponible diminuer de 7,5 % au premier trimestre de 2022 par rapport à l’année précédente. Avant la pandémie, la majorité des ménages à l’échelle nationale dont le revenu se situait dans ce quintile consacraient déjà plus de 50 % de leur revenu à leur loyer et aux services publics. Les 69 % de clients des banques alimentaires qui vivent dans des logements locatifs ont été particulièrement touchés. L’augmentation massive du coût des choses essentielles comme la nourriture, le loyer et le carburant signifie qu’une part beaucoup plus importante de ce revenu réduit servirait à payer ces choses essentielles.

L’aide sociale provinciale est la principale source de revenu de près de 50 % des clients des banques alimentaires.

L’aide sociale provinciale, qui comprend à la fois les revenus de l’assistance générale et des prestations d’invalidité provinciales, a rapidement diminué par rapport à l’inflation générale. Les personnes dont la principale source de revenu est l’aide sociale provinciale se retrouvent bien en deçà du seuil de pauvreté officiel, les adultes vivant seuls représentant 45,4 % des clients des banques alimentaires.


AUTRES CONCLUSIONS

Les enfants représentent le tiers des usagers des banques alimentaires

Bien que le pourcentage d’enfants qui ont recours aux services des banques alimentaires diminue lentement, les enfants, qui représentent environ 20 % de la population générale, sont encore largement surreprésentés parmi la clientèle des banques alimentaires. Même si des prestations de soutien du revenu comme l’ACE ont été essentielles pour amortir les impacts économiques de la pandémie et de la hausse du coût de la vie, les coûts élevés liés à la subsistance d’une famille en cette période d’inflation rapide rendent les ménages avec enfants vulnérables à la pauvreté et à la faim.

Le pourcentage de personnes âgées qui ont recours aux banques alimentaires est passé de 6,8 % en 2019 à 8,9 % en 2022.

Bien que les personnes âgées représentent une proportion relativement faible de la clientèle des banques alimentaires, le nombre de personnes âgées qui ont recours aux banques alimentaires a augmenté de façon statistiquement significative au cours des trois dernières années. Cette hausse correspond à l’augmentation du nombre de personnes dont la principale source de revenu est une pension, passant de 9 % en 2019 à 11,3 % en 2022. En général, les personnes âgées disposent d’un meilleur modèle de soutien du revenu que la population en âge de travailler, ce qui entraîne une réduction des taux d’insécurité alimentaire au sein de ce groupe. Toutefois, les personnes âgées à faible revenu sont vulnérables aux effets de l’inflation élevée, car ils ont un revenu fixe et, de manière générale, des besoins plus importants en matière de soins de santé.

Pour la première fois, le nombre de clients des banques alimentaires qui ont déclaré que leur principale source de revenu provenait de l’emploi a augmenté considérablement.

Le pourcentage de clients qui ont déclaré que l’emploi constituait leur principale source de revenu est passé de 12,5 % en 2021 à 14,1 % en 2022. Par rapport à l’an dernier, les membres du réseau de banques alimentaires étaient moins susceptibles de citer le chômage comme principale raison pour laquelle les clients ont recours aux banques alimentaires (de 10,3 % à 7 %), mais tout aussi susceptibles de citer « les faibles salaires ou des heures de travail insuffisantes » (de 12 % à 11,8 %) comme raison d’avoir recours aux banques alimentaires. Selon un sondage national auprès de la population générale, les personnes qui travaillaient à un moment ou un autre durant la pandémie et qui ont également eu recours à un programme alimentaire étaient plus susceptibles de faire partie d’un groupe racisé ou d’occuper des emplois temporaires, occasionnels ou variables.

Toutefois, le pourcentage de personnes qui ont eu recours aux banques alimentaires s’identifiant comme Autochtones a considérablement diminué depuis 2019; il est passé de 15 à 8 pour cent. Les restrictions découlant du confinement, les prestations de revenu liées à la pandémie et le soutien alimentaire accru dans les réserves ont contribué à la baisse d’utilisation des banques alimentaires par les populations autochtones.

Le pourcentage de personnes autochtones qui ont recours aux banques alimentaires est passé de 8 % en 2021 à 15,3 % en 2022.

Malgré des taux déjà extrêmement élevés d’insécurité alimentaire, la combinaison d’une réduction des prestations de revenu et d’une montée en flèche du coût de la vie en 2022 a eu des conséquences dévastatrices pour les ménages autochtones. Les changements climatiques ont également une incidence sur la sécurité alimentaire des Autochtones, limitant l’accès aux aliments traditionnels et réduisant l’accès aux routes de glace empruntées pour livrer de la nourriture aux communautés éloignées et nordiques.

Soixante-trois pour cent des membres du réseau de banques alimentaires considéraient que l’augmentation du soutien en santé mentale devrait être l’une des principales priorités stratégiques pour réduire la faim dans leur communauté, comparativement à 50 % en 2019.

Lorsqu’on leur a demandé quelles étaient les principales causes de l’insécurité alimentaire dans leur communauté, les membres du réseau de banques alimentaires étaient plus susceptibles de nommer la santé mentale et les problèmes connexes. Que ces observations aient été corroborées directement en constatant l’augmentation de la demande des clients ou indirectement en observant les difficultés de leurs clients, les membres des banques alimentaires en première ligne ont indiqué que leurs clients ont subi les contrecoups des événements de façons innombrables au cours des deux dernières années.

publique liées à la pandémie, tout en offrant leur soutien aux clients qui font face à de très hauts niveaux de pauvreté et des revenus plus faibles que jamais. Près de 40 pour cent des banques alimentaires ont mis sur pied des systèmes de livraison à domicile pour être en mesure d’offrir leur soutien aux personnes âgées et aux autres clients vulnérables à la COVID-19. De plus, un grand nombre de banques alimentaires ont indiqué avoir permis une plus grande fréquence de visites mensuelles en raison des besoins grandissants des membres de leurs communautés.